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Couvent et chapelle des sœurs franciscaines missionnaires de Marie

388, Grande-Allée Est, Québec – IL RESTE À PRIER POUR UN MIRACLE

Un permis de démolir a été délivré pour le couvent et sa chapelle, datant de 124 ans. L’ensemble situé sur une des rues les plus prestigieuses et historiques de Québec ferait place à un projet de condominiums.

Pourquoi c’est important
Les sœurs franciscaines missionnaires de Marie sont arrivées à Québec en 1892, choisissant peu après de s’installer sur un vaste terrain le long de la Grande-Allée. Leur couvent, dessiné par l’architecte du parlement de Québec Eugène-Étienne Taché, était en chantier dès 1896. La construction a commencé par la chapelle.
L’impressionnant intérieur de la chapelle comprend de magnifiques sculptures sur bois, des colonnes de marbre italien de différentes couleurs, des balcons richement décorés et un remarquable dôme vitré. Le tout est l’œuvre du sculpteur et architecte François-Xavier Berlinguet qui, avec son associé René-Pamphile LeMay, a travaillé partout au Québec et dans les Maritimes.

Pourquoi c’est menacé
Les sœurs franciscaines ont vendu la propriété à la ville de Québec en 1986. La ville a transformé le couvent en résidence pour personnes âgées, Habitations Grande-Allée, avant de le vendre à un entrepreneur privé en 2005. La chapelle est abandonnée depuis 1987 et se trouve dans un état de délabrement avancé.
La ville ayant déjà délivré le permis de démolir, la magnifique chapelle est sur le point d’être rasée pour permettre la construction de deux immeubles de condominiums de sept étages pour personnes âgées. Quant au couvent, on ne tenterait de conserver que sa façade et son clocher.
La ministre de la Culture et des Communications du Québec a refusé de désigner le bâtiment parce qu’une évaluation réalisée en 1986 avait conclu qu’il ne revêtait pas une importance patrimoniale. Selon les responsables du nouveau projet, le seul intérêt architectural de la chapelle réside dans ses décorations intérieures en plâtre, qui ont été gravement endommagées par des infiltrations d’eau..
Le groupe Coalition Héritage Québec estime au contraire que l’enjeu est important, et il revendique la protection du bâtiment. Le Dictionnaire biographique du Canada appelle l’œuvre de Berlinguet et LeMay dans la chapelle « le modèle le plus achevé d’un décor intérieur néobaroque à Québec ».

La situation actuelle
La chapelle a fait l’objet de lettres aux élus, de pétitions, de manifestations et de nombreuses campagnes dans les médias en faveur de sa protection. Plus de 100 personnes ont affronté le froid en novembre 2008 pour participer à une vigie à la chandelle, en protestation contre la perte de ce bijou irremplaçable.
La présidente de la Coalition Héritage Québec, Anne Guérette, presse la ville et la province de reconsidérer la décision et de consulter le public sur l’avenir du site.
La Coalition applaudit aux nouveaux projets de développement urbain et comprend bien le besoin croissant de résidences pour personnes âgées. « Cependant, note Mme Guérette, le projet en question peut être réalisé sans démolir ce bijou. » À titre d’option à la démolition, son groupe suggère de réhabiliter le monument historique et de construire une seule tour de 14 étages en retrait de la rue.
À défaut d’une intervention rapide, un important témoin du patrimoine religieux et culturel de Québec sera perdu à tout jamais.