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Lieu historique national du phare de Cap-des-Rosiers

1331, boul. Cap-des-Rosiers, Gaspé (Québec) – LE PLUS GRAND PHARE AU CANADA

La communauté locale hérite du fardeau financier tandis que le gouvernement fédéral vise à liquider un phare patrimonial « excédentaire ».

Pourquoi c’est important

Le phare de Cap-des-Rosiers a été érigé entre 1854 et 1858 sur une falaise abrupte près du village de Cap-des-Rosiers. L’endroit est important pour le trafic maritime allant et venant par Gaspé, se trouvant au lieu de rencontre du fleuve Saint-Laurent et du golfe du Saint-Laurent. S’élevant à 34 mètres de hauteur, ce phare monumental est le plus grand au Canada. Il a été construit de pierre calcaire régionale recouverte de marbre blanc. Sa forme circulaire est gracieusement cintrée, et surmontée d’une grande lanterne en verre. Il est un point de repère proéminent grâce à sa taille et sa silhouette. On le considère comme un joyau de l’agence québécoise de la Garde côtière canadienne (un organisme spécial au sein du ministère des Pêches et des Océans), et il est toujours un phare fonctionnel essentiel à la sécurité maritime. Le phare a été reconnu comme lieu historique national en 1973 et comme édifice fédéral du patrimoine classé en 1994 – la plus haute catégorie pour les biens fédéraux du patrimoine.

La menace

En 2008, grâce aux efforts de sénateurs, de députés, d’organismes du patrimoine et de citoyens, la Loi sur la protection des phares patrimoniaux (LPPP) a été adoptée pour protéger ces sites vulnérables du patrimoine fédéral. En mai 2010 toutefois, le ministère fédéral des Pêches et des Océans (MPO) a déclaré excédentaires presque tous ses phares – c’est-à-dire près de 1000. Cette mesure a effectivement éviscéré la LPPP, refilant la responsabilité de la protection des phares entièrement aux communautés locales.

La LPPP permet qu’un phare déclaré « excédentaire compte tenu des exigences opérationnelles » soit désigné en vertu de la LPPP, mais uniquement si une personne ou un organisme s’engage par écrit à l’acheter ou l’acquérir, et à protéger son caractère patrimonial s’il est désigné.

Les Canadiens avaient jusqu’en mai 2012 pour proposer la désignation, en vertu de la LPPP, de phares qui leur importent. En fin de compte, 347 phares ont été proposés, dont celui de Cap-des-Rosiers. Il reste que pour obtenir la désignation, chacun d’eux devra bénéficier d’un plan d’entreprise acceptable soumis par un organisme ou un groupe disposé à l’acquérir et à y investir. Le phare de Cap-des-Rosiers – comme d’autres phares canadiens réputés et indiscutablement emblématiques et historiques – est une structure imposante et complexe. Il exigera des investissements continus ainsi que les compétences et l’équipement voulus pour assurer sa conservation. Ce sera un énorme défi à relever pour la petite communauté locale que d’assumer la responsabilité de l’entretien sans appui financier. Cap-des-Rosiers est une destination recherchée par les touristes, accueillant plus de 7000 visiteurs chaque année. Le revenu potentiel est pourtant limité en ce lieu relativement isolé.

La situation actuelle

Jusqu’à présent, aucun groupe communautaire n’a présenté au MPO un plan d’entreprise en vue d’assumer la responsabilité du phare de Cap-des-Rosiers. L’incertitude plane donc sur le sort du phare et de sa désignation en vertu de la LPPP. Entre-temps, la solidité physique et structurelle du phare est immédiatement menacée : la lanterne a besoin d’urgence d’une restauration, et l’eau s’infiltre autour des fenêtres en raison de fissures dans le revêtement de la tour. La dernière remise en état du phare remonte à plus de 20 ans. 

MISE À JOUR : En 2015, le sort du phare de Cap-des-Rosiers reste incertain, même s’il reçoit en moyenne 30 000 touristes par année. Malgré le consensus sur l’importance de la préservation du site, personne n’est prêt à payer les frais des réparations. Récemment, le maire de Gaspé a indiqué que la municipalité est disposée à assumer la responsabilité du phare à condition que le gouvernement fédéral effectue d’abord des travaux nécessaires de 3 à 5 millions de dollars.

Pour sensibiliser le public à la situation, l’organisme Site historique maritime du phare de Cap-des-Rosiers (SHMPCDR) a lancé l’été dernier une pétition en ligne réclamant le sauvetage du phare. Jusqu’à présent, 1982 personnes l’ont signée. Pour signer à votre tour, rendez-vous à : www.pharecapdesrosiers.ca