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Le restaurant Ben’s Delicatessen

990, boulevard de Maisonneuve, Montréal – UN RESTAURANT MYTHIQUE S’EN VA À LA DÉCHARGE

Le restaurant Ben’s Delicatessen, l’emblématique édifice de style Streamline facilement reconnaissable à son enseigne de coin lumineuse, attend le boulet de démolition. Situé sur un terrain de grande valeur, l’édifice a été vendu à un promoteur qui, selon les plans qu’il a soumis à la ville, souhaite y construire un hôtel de 14 étages comprenant un restaurant au rez-de-chaussée.

En dépit des tentatives répétées d’Héritage Montréal et de la Société Art Déco de Montréal pour faire classer l’édifice, celui-ci n’est toujours pas protégé.

Historique
Le 3 avril, la ville de Montréal a affiché un avis signalant une intention de démolir la façade de l’édifice. À une séance publique du comité de démolition de l’arrondissement de Ville-Marie tenue le 21 avril, la ville, tout en reconnaissant l’importance architecturale du restaurant Ben’s, a néanmoins approuvé la demande de démolition. L’autorisation précisait que la nouvelle construction devrait commémorer l’ancien restaurant.

« Si le promoteur était plus avisé, il préserverait l’édifice et construirait tout autour. Les plans soumis proposent un restaurant au rez-de-chaussée de toute façon » déclare Sandra Cohen-Rose d’Art Déco Montréal.

La population a jusqu’au 21 mai pour s’opposer à la décision du comité auprès de leurs élus municipaux.

Ben et Franny Kravitz ont ouvert le restaurant Ben’s Delicatessen quand ils sont venus de Lituanie en 1908. Le restaurant a déménagé à son emplacement actuel en 1950 (conçu par Charles Davis Goodman) et est resté ouvert jusqu’en 2006.

Visité par des milliers de touristes, Ben’s a été le lieu de rendez-vous des célébrités telles que Leonard Cohen, Pierre Elliott Trudeau, René Lévesque et l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal. Jusqu’en 2007, Ben’s figurait en tête de liste des dix meilleurs « delicatessens » compilée par le National Geographic Society. Le formica jaune, le décor chromé du déli de même que les murs ornés de photos autographiées faisaient partie du charme du restaurant. Le Musée McCord a accepté de préserver ces souvenirs, mais la Société Art Déco répète que ce n’est pas assez.

« Ben’s doit être intégralement préservé, dans le cadre de toute nouvelle proposition d’aménagement » déclare Sandra Cohen-Rose. « Que ce soit en tant que restaurant ou pour un usage innovateur, il constitue un atout pour Montréal, par son apport historique et financier en tant qu’attrait touristique et plateau de tournage. »

Le fameux déli de Montréal est un bel exemple de l’architecture Streamline puisqu’il a su conserver en grande partie son décor intérieur original, allant des portemanteaux en acier inoxydable jusqu’aux tabourets et aux comptoirs aux lignes épurées.
& « Le promoteur immobilier qui en a fait l’acquisition n’a pas idée de tout ce que Ben’s représente pour la ville” rapporte Dan Seligman de Pop Montréal. « Il croit qu’il va simplement s’amener, tout détruire et que personne ne s’en souciera. Mais si les gens se mobilisent, nous pourrons empêcher que les choses se passent ainsi. Il serait honteux que ce soit démoli. »
Montréal est la première ville nord-américaine à intégrer le réseau des villes Unesco de design. Réduire une icône de l’Art Déco à quelques photos commémoratives dans un édifice de remplacement remet en question la volonté de la ville de mettre en valeur le design urbain.

Ironie du sort, la Coalition internationale des sociétés d’Art Déco tiendra son congrès mondial de 2009 à Montréal, du 24 au 30 mai.