Les maisons de travailleurs du Cap-Breton industriel
Les maisons de travailleurs fournies par les entreprises, qui meublaient jadis le paysage du Cap-Breton, commencent à disparaître à force d’être abandonnées et négligées. Malgré leur importance historique et culturelle, aucune n’a reçu une désignation municipale ou provinciale.
Pourquoi c’est important
Construites entre 1850 et 1920 par de grandes compagnies minières et sidérurgiques, les maisons de travailleurs du Cap-Breton hébergeaient des ouvriers et dans certains cas des gestionnaires; elles font partie de l’identité visuelle de la région. On en trouve dans les anciennes localités industrielles de Sydney, Glace Bay, Dominion, New Waterford, North Sydney, Donkin et Sydney Mines, ainsi qu’à Inverness (sur le côté ouest de l’île).
Les maisons de travailleurs (amplement présentes dans le cinéma et la littérature du Canada) évoquent des épisodes pittoresques -- et parfois pénibles -- de l'histoire sociale du Cap-Breton, des origines du mouvement syndical et des quartiers multiculturels soudés où sont nées diverses coopératives et caisses populaires. Lorsque quelqu’un de Glace Bay dit « je viens du numéro 2 » ou « je suis du Hub », c’est en référence aux secteurs des maisons de travailleurs à proximité des mines de charbon.
Avant les années 1940, la plupart des maisons de travailleurs ont été vendues à des mineurs et des métallurgistes. Les survivantes sont surtout de petites maisons (entre 700 et 1000 pieds carrés) jumelées de style néo-gothique; il y a aussi quelques maisons unifamiliales. Une longue rangée intacte datant des années 1840 subsiste à Sydney Mines. Ces modestes demeures sont des témoins de la ténacité de leurs résidents et du travail ardu qu’ils accomplissaient.
La menace
La plus grande menace est le manque de soins. Comme les mines de charbon et l’usine sidérurgique sont fermées, la population de la région a baissé. De nombreuses maisons sont inhabitées. Le vandalisme et des incendies criminels sont une grande source de préoccupation pour les autorités. Les problèmes de l’abandon et de la négligence s’aggravent à mesure que les résidents migrent vers les banlieues, ce qui entraîne le déclin des quartiers urbains.
Même s’il reste plus de 1500 maisons de travailleurs, le nombre baisse rapidement. Malgré leur importance dans l’histoire industrielle et sociale de la région, pas une seule maison de travailleur – ni aucun quartier de maisons de travailleurs – n’a reçu une désignation patrimoniale municipale ou provinciale.
La situation actuelle
Les partisans de leur préservation cherchent des possibilités de les mettre à contribution face au besoin de logement abordable et de logement social dans la région. C’est le cas par exemple des responsables du programme HomeMatch qui trouve des bâtiments inoccupés récupérables à l’intention d’organismes au service de personnes risquant de devenir des sans-abri. Il n’y a aucun plan global visant la réutilisation ou la rénovation des maisons de travailleurs, mais on peut espérer qu’un plan d’entreprise de cinq ans qui sera bientôt présenté pour le nouvel organisme régional Affordable Housing Renovation Partnership s’attaquera aux problèmes touchant les maisons de travailleurs.