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Aéroport international James-Armstrong-Richardson

Winnipeg (Manitoba) – AÉROPORT EN ATTERISSAGE FORCÉ

L’avenir de cet extraordinaire édifice publicdépend de la protection juridique accrue du gouvernement fédéral et de la volonté de Transports Canada à appuyer les démarches en vue d’une utilisation continue favorable de ce bâtiment public au caractère exceptionnel.

Historique

Construit de 1961 à 1964, l’aéroport international James-Armstrong-Richardson à Winnipeg jouit d’une certaine renommée : c’est l’un des bâtiments les plus caractéristiques de l’architecture moderne du milieu du XXe siècle au Canada. Cet aéroport, qui faisait partie au départ d’un réseau national d’aérogares d’avant-garde richement décoré d’œuvres d’art construites de 1958 à 1964, est la seule grande aérogare qui n’a fait l’objet ni de rénovations à outrance, ni d’une démolition. Son avenir est cependant précaire. Son propriétaire, Transports Canada, construit actuellement un nouveau terminal dont la date d’inauguration est prévue au cours de l‘année 2009. Dans l’intervalle, personne n’a présenté de plan tangible de réutilisation de l’aérogare James-Armstrong-Richardson; des rumeurs circulent sur l’éventualité de sa démolition pendant que se fait attendre la protection de désignation du patrimoine, tous ordres de gouvernement confondus.

À l’époque, on avait érigé l’aéroport international de Winnipeg dans le cadre d’un programme national (lequel visait également les villes d’Edmonton, de Toronto, et de Gander) visant à montrer à la population canadienne ou étrangère – par le biais de réalisations architecturales étonnantes – que le Canada était un pays cosmopolite et tourné vers l’avenir. Dans l’esprit de la Commission Massey de 1951, laquelle plaidait en faveur de l’expression manifeste d’une « canadienneté authentique », chaque aérogare témoignait d’une architecture résolument moderne, se composait des meubles canadiens dernier cri et évoquait l’intérieur d’une galeried’art en englobant les plus grands projets d’art publics jamais réalisés au Canada. À ce chapitre, deux fresques imposantes commandées pour cet aéroport revêtent une importance particulière : « Structuralist Relief in Fifteen Parts » (relief structuraliste en quinze parties) d’Eli Bornstein et « Northern Lights » (aurores boréales) de John Graham. Il en résulte un espace public des plus évocateurs, témoignent de la volonté nationale de conférer aux aéroports un cachet culturel.

La partie la plus fascinante de l’aéroport de Winnipeg, c’est le hall des passagers. Celui ci consiste en un pavillon rectangulaire composé d’une structure d’acier à ouverture libre, comportant des murs de verre à l’est et à l’ouest et des murs massifs au nord et au sud. De 1986 à 1994, dans le cadre de travaux de rénovation et d’agrandissement, on a veillé à préserver cette caractéristique architecturale d’origine propre à l’aéroport.

Ces dernières décennies, on a constaté une transition dans la finalité des aéroports : ceux ci perdent leurs caractéristiques d’« établissement culturel » pour intégrer des critères empreints de pragmatisme tels que la rentabilité et l’efficacité. En outre, les changements dans le secteur du transport aérien de même que la hausse aux volumes de passagers et de fret ébranle l’utilité perçue de l’aérogare de Winnipeg. Actuellement, l’administration aéroportuaire de Winnipeg (la WAA), gestionnaire du site, affirme que l’édifice se trouve dans un piètre état après avoir reçu un investissement en capital limité de Transports Canada pendant des années.

Par ailleurs, aucun intervenant, fût il du secteur privé ou public, ne s’est manifesté à l’issue d’une récente demande de propositions en vue d’une réutilisation de l’aérogare. Un nombre croissant d’intervenants locaux du patrimoine, dont des architectes, défenseurs et des membres de la communauté élargie de Winnipeg, ont sonné l’alarme que cet édifice sera prochainement démoli.

En ce moment, le Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine (BEEFP) songe à accorder à l’aérogare de Winnipeg la désignation de bâtiment du patrimoine fédéral. Une décision à cet effet sera rendue en juin. Transports Canada n’a pas encore démontré sa ferveur pour la désignation, car aucun de ces édifices jouis d’un tel statut. Des 1 413 édifices à sa charge dans ses programmes aéroportuaires, seulement trois ont été désignés : un hangar à Port Hardy en Colombie-Britannique, un hangar à Churchill au Manitoba et une maison patrimoniale dans la zone de l’aéroport de Pickering en Ontario.

Même si l’aéroport recevait la désignation du patrimoine fédéral, sa protection n’est pas assurée. Le mandat de la BEEFP est d’évaluer la patrimoniale et de faire des recommandations aux changements suggérés ou la démolition.

Cependant, ses évaluations ou recommandations sont à caractère non obligatoire : elles ne font l’objet ni d’un suivi ni d’un rapport; de plus, le BEEFP ne cherchera pas à savoir si celles-ci sont bel et bien mises en œuvre. Il incombe aux ministères responsables, comme Transports Canada, de mettre en œuvre leurs propres processus et normes de conformité.