Théâtre Pantages, 152, rue Hastings Est, Vancouver – TOMBER DU RIDEAU POUR UN THÉÂTRE HISTORIQUE

Au terme de trois ans de négociations, un projet de réaménagement de l’historique théâtre Pantages a fait long feu en septembre dernier lorsque le conseil municipal de Vancouver a rejeté une entente qui aurait permis au promoteur de transférer une prime de densité à un autre endroit. Maintenant en vente, l’acheteur potentiel ne semble pas enclin à conserver le bâtiment.

Pourquoi c’est important
Construit en 1907-1908, le Pantages est le plus ancien théâtre de vaudeville subsistant au Canada et un des premiers établissements de la chaîne Pantages qui a jadis joui d’une grande renommée. Dessiné par E.E. Blackmore, le bâtiment s’inscrit dans la tendance des théâtres de son époque : un extérieur simple et fonctionnel cache un espace intérieur opulent. À la fin des années 1920, il a été transformé en cinéma; il sera exploité comme tel jusqu’en 1994. Dans la décennie suivante, divers projets de restauration ont été proposés sans qu’aucun n’aboutisse. L’intérieur a subi d’importants dégâts par la faute de fuites dans le toit, mais il demeure foncièrement intact, avec ses fins motifs de plâtre et une avant-scène décorative.

Pourquoi c’est menacé
Situé au cœur du quartier Downtown Eastside de Vancouver, le propriétaire actuel du théâtre, a consacré presque cinq ans à l’élaboration d’un plan de restauration. Celui-ci aurait restitué tout l’éclat de cette salle de 650 places tout en contribuant, par la construction de 136 logements sociaux dans un immeuble adjacent, à la revitalisation d’un quartier problématique.

Le projet de 26 millions de dollars exigeait que la municipalité octroie des transferts de primes de densité au titre du patrimoine. Le conseil municipal avait cependant décidé en 2007 de suspendre le programme permettant les transferts : la faveur dont il jouissait, les coûts croissants des terrains et de la construction ainsi que l’absence d’incitatifs fédéraux pour la réhabilitation des bâtiments patrimoniaux avaient engendré un surplus dans la réserve de primes.

Le conseil peut encore transférer des primes en petites quantités, mais les conseillers ont choisi de ne pas exercer ce pouvoir lorsqu’ils ont rejeté la proposition en juillet 2008.

À l’issue de l’élection municipale de novembre dernier, le conseil a accueilli de nombreux nouveaux membres qui avaient appuyé le sauvetage du bâtiment. Depuis lors toutefois, le nouveau conseil n’a eu aucune discussion avec le propriétaire, n’a pas terminé l’examen officiel du projet ni n’a manifesté aucune intention de revenir sur la décision du conseil sortant.

Le prolongement des délais du projet a taxé les ressources du propriétaire : chaque mois de retard lui coûte 30 000 $. Au début de 2009, l’entreprise a décidé de limiter les dégâts. Elle a mis l’immeuble en vente (à 8,2 millions de dollars) et demandé un permis de démolir.

La situation actuelle
Le plus ancien théâtre de vaudeville de l’Ouest canadien est sur le point d’être démoli. Sa vente est en voie et l’acheteur n’entend pas conserver le bâtiment.

Quoique le théâtre soit enregistré par les autorités municipales, il ne jouit pas de la protection qui vient avec une désignation patrimoniale.